11/07/2025

Pour une approche interdisciplinaire de la toponymie

Appel à communications 

Pour une approche interdisciplinaire de la toponymie 

Les 18 et 19 juin 2026, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Colloque international co-organisé par 

la Chaire UNESCO en toponymie inclusive de l’Université de Genève

l’Université de Montpellier Paul-Valéry et 

l’Université de Rouen-Normandie  

 

Le toponyme, qui sert à désigner un lieu, un territoire, relève de différentes dimensions et intéresse plusieurs disciplines. Parmi celles qui en font un objet de recherche en soi, l'onomastique met en perspective diachronique le nom propre et s’attache à décrire son sens, son origine et son altération. La dimension synchronique qui privilégie l’étude de la motivation, de la remotivation (Akin 1999), de la réception et les usages du nom de lieu mobilise la sociolinguistique, la sociopragmatique, l’anthropologie et la géographie culturelle et politique. On peut ajouter les sciences de gestion pour l’analyse de la valeur marchande du toponyme. Plus généralement, en tant que l’une des configurations essentielles entre le langage et les pratiques de catégorisation et de dénomination du réel dans les communautés linguistiques, les toponymes sont étudiés par de nombreuses disciplines en sciences humaines et sociales démontrant qu’un toponyme est en général plus qu’un toponyme (Boyer 2008 : 9). 

Si l’onomastique privilégie l’explication et la description de la formation et de la signification des noms propres, l’analyse du discours envisage les toponymes dans leur rapport à leurs conditions de productions et s’attache à décrire leur signification, non pas comme un sens figé et immuable, mais en tant que résultat d’un acte de communication impliquant différents paramètres tels que le profil sociologique des locuteurs engagés dans la communication, le lieu et le moment de la communication, ainsi que ses finalités pragmatiques. La sociolinguistique, et notamment la sociolinguistique urbaine, s’intéresse aux toponymes dans la mesure où l’espace contribue à la structuration de l’identité des individus et des communautés (Bulot et Veschambre 2006). Pour sa part, la géographie politique et culturelle étudie les processus de dénomination des lieux en tant qu’élément fondamental de territorialisation en lien notamment avec les questions de pouvoir (Giraut et Houssay-Holzschuch 2023). Les sciences de gestion, et plus particulièrement le marketing, s'interrogent sur l’efficacité des stratégies de valorisation de la ressource territoriale, ainsi que sur les enjeux de la toponymie dans l’économie touristique (Boyer et Cardy 2011) et plus largement encore sur les formes de marchandisation des noms (Vuolteenaho 2023). 

Ces approches disciplinaires ont donné lieu à des recherches prolifiques dans plusieurs domaines de la toponymie, en diversifiant ses orientations théoriques et méthodologiques. Cela se traduit par l’émergence d’intitulés comme : la toponymie critique, politique, performative, inclusive, commémorative, la néotoponymie, la socio-toponymie, les cultures toponymiques urbaines (Bigon & Ben Arrous 2021), la toponymie relationnelle (Carter 2024), la diplomatie toponymique (Düzgün 2024). S’ils traduisent les développements prometteurs des études sur les toponymes et le paysage linguistique, force est de constater que ces dernières restent souvent ancrées dans des frontières disciplinaires. Ce qui est d’autant plus dommageable que les toponymes s’inscrivent dans les pratiques à la fois linguistiques, sociales, commerciales, touristiques, politiques et géopolitiques dont seule une approche interdisciplinaire peut vraiment rendre compte. 

C’est dans cette orientation interdisciplinaire, croisant les concepts et outils théoriques et méthodologiques ainsi que les éclairages propres à chaque discipline sollicitée, donc avec une préoccupation épistémologique, que nous envisageons le présent colloque. 

  

Axes thématiques 

Les participant.e.s sont invité.e.s à soumettre des propositions de communication qui s’inscrivent dans l’étude d’enjeux qui se prêtent à des croisements parmi les approches linguistiques, culturelles, sociales, politiques et marketing des usages des toponymes…. 

  1. Toponymie et langues minor(is)ées 

La visibilité, la vitalité et la reconnaissance des langues minor(is)ées, en France ou ailleurs dans le monde, se répercutent dans la (re)mise en circulation des toponymes ; les droits linguistiques et le droit de nommer les lieux, les enjeux politiques des toponymes en situation de conflit sociolinguistique et de minorisation d'une langue dominée, etc. sont autant de problématiques qui montrent les liens étroits entre la toponymie et la minor(is)ation sociolinguistique. 

  1. Toponymie et interventions glottopolitiques des collectivités territoriales (Régions) : pour la généralisation de programmes régionaux d’inventaires et analyses microtoponymiques 

Dans la continuité de l’Axe 1, les recherches programmatiques conduites par exemple sur le Parc Naturel Régional de l’Aubrac (cf. Calvet 2024) ou sur le littoral corse (cf. Miniconi 2023) doivent inciter des acteurs et des chercheurs d’autres espaces à soumettre les résultats de leurs enquêtes et leurs propositions glottopoliques. 

  1. Toponymie, adressage, savoir et mémoire

Cet axe concerne en particulier l'adressage en cours de réalisation dans les campagnes françaises et européennes et les quartiers informels des villes du Sud. Derrière des opérations présentées comme relevant de la modernisation technique, apparaissent des enjeux, des menaces et des opportunités pour les pratiques, savoirs et représentations vernaculaires (Rose-Redwood et al. 2023). 

  1. Identité, Inclusivité, fonctionnalité

Il s'agit ici de prendre en compte la féminisation et la décolonisation des odonymes, l’inscription des toponymes dans les stratégies de promotion et de développement durable et les impératifs fonctionnels de la toponymie officielle, ou les contradictions entre inclusivité et promotion d’une part et standardisation et stabilité, d’autre part. 

  1. La toponymie comme ressource territoriale

La promotion territoriale s’empare de la toponymie comme une ressource permettant d’affirmer le double ancrage dans une sémiosphère et une territorialité spécifiques susceptibles de produire valeur et attractivité. Ces processus de promotion exercent une tension entre création néotoponymique allusive (tourisme, promotion immobilière, noms de projet de territoire) et valorisation de corpus régionaux ou vernaculaires (inventaires patrimoniaux, circuits …) (Vuolteenaho 2023). 

  1. Toponymie, nouvelles technologies et géopolitique

Les nouvelles modalités offertes par des technologies spatiales et des informations géoréférencées organisées et transmises par Internet et notamment les plateformes cartographiques privées et contributives (Google, OpenStreetMap, Mapcarta, Here etc.) créent de nouvelles possibilités cartographiques. Si celles-ci mettent en cause la souveraineté cartographique des Etats, elles permettent dans le même temps aux acteurs sociaux de s’emparer de la gestion des toponymes dans une volonté de réappropriation territoriale et de reconstruction identitaire… Les offensives toponymiques actuelles invitent également à reconsidérer la dimension de la toponymie selon les contextes temporels et géopolitiques et à l’aune du tournant numérique 

  

Bibliographie  

Akin S. (1999). « Pour une typologie des processus redénominatifs », S. Akin éd., Noms et re-noms. La dénomination des personnes, des populations, des langues et des territoires, Rouen, Publications de l’Université de Rouen. 

Akin S. (2010). « Onomastique et analyse du discours : pour une analyse discursive des noms propres », Onoma, Journal of the International Council of Onomastic Sciences, n°45, p.19-39

Akin S. (2019). « Nomination toponymique et représentation discursive en situation de conflit : l’exemple de la ville de Kobanê », in Langues en contexte / Languages in Context, Boissonneault J. Reguigui A. L Messaoudi, H El Amrani & H Bendahmane (dirs), Actes du Colloque international Langues et Territoires 3, Human Sciences Monograph Series, n°22, Sudbury, Ontario, p. 103-123 

Alderman, D. H. (2023). « Commémorer par la toponymie : nommer les lieux, revendiquer le passé, réparer le futur ». In F. Giraut & M. Houssay-Holzschuch (Eds.), Politiques des noms de lieux. Dénommer le monde (pp. 31-50). ISTE. https://doi.org/10.51926/ISTE.9115.ch2 

Alén Garabato, C. & Boyer H. (1997). « Les politiques linguistiques de deux communautés « historiques » d’Espagne : la Catalogne et la Galice », Mots. Les langages du politique, n° 52. 

Alén Garabato C. (2000). « Le galicien piégé par l’Histoire ? La question de la norme », Lengas, n° 47. 

Baylon Ch. & Fabre P. (1982). Les noms de lieux et de personnes, Paris, Nathan. 

Berg, L. D., & Vuolteenaho, J. (Eds.). (2009). Critical Toponymies: The Contested Politics of Place Naming. London: Ashgate 

Bigon, L., & Ben Arrous, M. (2021). Street-Naming Cultures in Africa and Israel: Power Strategies and Place-Making Practices London: Routledge. https://doi.org/https://doi.org/10.4324/9781003173762 

Boillat, S. (2023). « L’environnement nommé, vécu et disputé : vers une écologie politique de la toponymie », In F. Giraut & M. Houssay-Holzschuch (Eds.), Politiques des noms de lieux. Dénommer le monde (pp. 51-68). ISTE. https://doi.org/10.51926/ISTE.9115.ch3 

Bouvier J-C. & Guillon J-M. (2001). La toponymie urbaine. Significations et enjeux, Paris, L’Harmattan. 

Boyer H. (2008), « Fonctionnements sociolinguistiques de la dénomination toponymique », Mots. Les langages du politique n° 86, mars 2008, p 9-21 

Boyer H., Cardy H. (2011), "Localiser, identifier, valoriser", Les collectivités territoriales en quête d'identité, Mots. Les langages du politique n° 97, Lyon, ENS Editions, p. 5-13  

Boyer H. (2003). De l’autre côté du discours. Recherches sur le fonctionnement des représentations communautaires, Paris, L’Harmattan. 

Boyer H. & Lagarde Ch. (2002). L’Espagne et ses langues, Paris, L’Harmattan. 

Brunet, R. (2021). Nouveaux territoires, nouveaux noms de la France. Paris, Hermann. https://www.editions-hermann.fr/livre/9791037006288 

Buchstaller, I., Fabiszak, M., & Ross, M. A. (Eds.). (2024). Space-Time (Dis) continuities in the Linguistic Landscape: Studies in the Symbolic (Re-) appropriation of Public Space. Taylor & Francis. 

Bulot, T., & Veschambre, V. (Eds.). (2006). Mots, traces et marques. Dimensions spatiales et linguistiques de la mémoire urbaine. L'Harmattan. 

Calvet, C. (2024). Identité et territoire au sein du Parc Naturel Régional de l’Aubrac : enquête sociolinguistique et toponymique autour des chemins de transhumance, Thèse de Doctorat, Université de Montpellier Pail Valéry. 

Carter, P. (2024). Naming No Man's Land: Postcolonial Toponymies London: Palgrave MacMillan. https://link.springer.com/book/9783031606878 

Cyr D. E. & Nagugwes Metallic Emmanuel, 1999, « Fantômes choronymiques de la dépossession », S. Akin éd., Noms et re-noms…, op. cit. 

Dahlem J. (1997). « Des historiens à la recherche d’un consensus », Mots. Les langages du politique, n° 53. 

Darot Mireille, 1997, « Calédonie, Kanaky ou Caillou ? Implicites identitaires dans la désignation de la Nouvelle-Calédonie », Mots. Les langages du politique, n° 53. 

Düzgün, D. (2024). « Toponymic Diplomacy: A New Conceptual Framework for Understanding the Geopolitics of Place Names », Geopolitics, 1-24. https://doi.org/https://doi.org/10.1007/978-3-031-54415-6 

Fabre, P. (1997). « Ce que la toponymie peut apporter à la… toponymie », Le Monde alpin et rhodanien, 2e-4e trimestres. 

Giraut, F. (2020). « Dénominations plurielles : quand les noms de lieux se concurrencent ! » EchoGéo, 53. https://journals.openedition.org/echogeo/20167 

Giraut, F., & Houssay-Holzschuch, M. (Eds.). (2023). Politiques des noms de lieux. Dénommer le Monde. Londres, Iste. https://www.istegroup.com/en/produit/politiques-des-noms-de-lieux/. 

Gendron S. (2003). L’origine des noms de lieux en France, Paris, Errance. 

Guerrin Ch. (1999). « Les processus redénominatifs dans les noms de communes françaises depuis 1943. étude socio-toponymique de la variation dans la nomenclature administrative », S. Akin éd., Noms et re-noms…, op. cit. 

Cislaru G. (2008). « Le nom de pays comme outil de représentation sociale », Mots. Les langages du politique n° 86, mars 2008, p 53-64 

Honoré J-P. (2000). « Entre usage et héritage. Aspects formels du changement de nom (1949-1999) », Mots. Les langages du politique, n° 63, Noms propres.
DOI : 10.3406/mots.2000.2202 

Honoré J-P, Paveau M-A, Périès G. (éds.) (2000). Mots. Les langages du politique, n° 63, Noms propres

Kahlouche R. (1999). « La dénomination/redénomination. Un lieu de conflit identitaire », S. Akin éd., Noms et re-noms…, op. cit. 

Miniconi R. (2023). Toponymie du littoral de Corse. Éditions Alain Piazzola 

Paveau M-A. (2008). « Le toponyme, désignateur souple et organisateur mémoriel. L'exemple du nom de bataille », Mots. Les langages du politique n° 86, mars 2008, p 23-35 

Périès G. (2000). « Au nom de l’ennemi : tactiques de la parole doctrinale dans le discours militaire français », Mots. Les langages du politique, n° 63, Noms propres.
DOI : 10.3406/mots.2000.2204 

Rose-Redwood, R., Alderman, D., & Azaryahu, M. (Eds.). (2018). The Political Life of Urban Streetscapes. London: Routledge. 

Rose-Redwood, Tantner, A., & Kim, S.-B. (2023). « L’adressage du monde : une généalogie politique ». In F. Giraut & M. Houssay-Holzschuch (Eds.), Politiques des noms de lieux. Dénommer le monde (pp. 97-112). Londres : ISTE. https://www.istegroup.com/fr/produit/politiques-des-noms-de-lieux/?/51109 

Rostaing Ch. (1965). Les noms de lieux, Paris, PUF. 

Vuolteenaho, J. (2023). « Marchandisation toponymique, privatisation du droit de nommer, paysages de marques ». In F. Giraut & M. Houssay-Holzschuch (Eds.), Politiques des noms de lieux. Dénommer le monde (pp. 113-140). ISTE. https://doi.org/10.51926/ISTE.9115.ch6 

  

Dates à retenir 

Dates du colloque : 18-19 juin 2026 

Lancement de l’appel à communication : 15 juin 2025 

Date limite de soumission des résumés : 30 octobre 2025  

Notification d’acceptation : 15 décembre 2025

Diffusion du Programme : 10 janvier 2026

Inscription au colloque : à partir du 10 janvier 2026

  

Proposer une communication :  

Les auteurs souhaitant participer au colloque sont invités à soumettre une proposition de communication d’environ 300 mots (avec 5 mots-clés et une courte bibliographie et en précisant l’axe thématique visé par l’intervention) à l’adresse suivante : https://toponymie.sciencesconf.org 

La langue de travail est le français. Les présentations dans d’autres langues restent possibles à condition de prévoir un diaporama en français. 

Toutes les propositions seront soumises à une double évaluation anonyme par les membres du comité scientifique du colloque. 

  

 

Frais de participation 

Participants (enseignants et chercheurs) = 120 euros avant le 15 mai, 150 après le 16 mai 

Participants (doctorants, chômeurs) = 80 euros avant le 15 mai, 100 après le 16 mai  

 

Les frais de participation incluent le matériel du colloque, les pauses-cafés et les déjeuners. 

  

Comité scientifique  

Salih Akin, Université de Rouen-Normandie 

Carmen Alén Garabato, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Henri Boyer, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Caroline Calvet, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Georgetta Cislaru, Université Sorbonne Nouvelle 

Isabelle Collomb, toponymiste au Congrès permanent de la langue occitane 

Dominique Crozat, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Claudine Fréchet, Institut Pierre Gardette. Université Catholique de Lyon 

Stéphane Gendron, Président de la société française d'onomastique 

Frédéric Giraut, Université de Genève 

Boris James, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Andrès Kristol, Université de Neuchâtel 

Hervé Lieutard, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Rosa-Maria Medina Granda, Universidad de Oviedo 

Alexandra Mollah, EHESS  

Sébastien Nadira, Conservateur du patrimoine aux Archives nationales  

Marie-Anne Paveau, Université de Paris 13 

Bénédicte Pivot, Université de Montpellier Paul-Valéry 

Stella Retali-Medori, Université de Corse 

Vincent Rivière, Université Toulouse Jean-Jaurès 

Patrick Sauzet, Université Toulouse Jean-Jaurès 

 

Responsables scientifiques du colloque : 

Salih Akin, Professeur à l’Université de Rouen-Normandie 

Carmen Alén Garabato, Professeure à l’Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Henri Boyer, Professeur émérite à l’Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Frédéric Giraut, Professeur à l’Université de Genève, Chaire UNESCO en toponymie inclusive. 

 

 

Comité d’organisation 

Salih Akin, Université de Rouen. 

Carmen Alén Garabato, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Henri Boyer, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Caroline Calvet, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Manon Collomb, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Luc Dmitrasinovic, Université de Rouen-Normandie. 

Boris James, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Grégory Gélebert, Université de Montpellier Paul-Valéry. 

Frédéric Giraut, Université de Genève 

Bénédicte Pivot, Université de Montpellier Paul-Valéry.