11/07/2025

XVIIIe Congrès de la Société Internationale de Littérature courtoise

 

 

XVIIIe Congrès de la Société Internationale de Littérature courtoise

Université Paul-Valéry Montpellier III

Date : 20-24 juillet 2026.

 

Après une réflexion portant sur “Redéfinir la courtoisie” en 2023, le XVIIIe congrès de la Société Internationale de Littérature Courtoise (qui se tiendra à Montpellier du 20 au 24 juillet 2026), propose cette fois de s’interroger sur la notion de “Savoir courtois”

 

Si la notion d’amour courtois, inventée par Gaston Paris en 1883 mais absente des textes médiévaux qui évoquent en revanche la fin’amor, est controversée1, l’adjectif courtois et ses dérivés, courtoisie, courtoisement abondent dans la littérature d’oc et d’oïl, véhiculant l’idée d’une maîtrise, d’une compétence ou d’un savoir. Mais quels sont ces savoirs qu’implique la notion de courtoisie ? Que faudrait-il connaître ou maîtriser pour être courtois ? Plus généralement, quels sont les liens entre courtoisie et connaissance ? 

La courtoisie définit en effet, de manière discriminante, une appartenance sociale à l’accession de laquelle le savoir peut jouer un rôle qualifiant ou disqualifiant. Elle est définie par un ensemble de critères, désignés aussi bien dans le Sirventès des vieux et des jeunes de Bertrand de Born qu’à l’extérieur et à l’intérieur du verger de Déduit chez Guillaume de Lorris. Les allégories courtoises ou discourtoises illustrent ainsi la manière dont les personnages peuvent basculer d’une catégorie dans l’autre, par acquisition ou par défaut d’une vertu courtoise. La courtoisie relève certes de la naissance mais aussi de l’éducation. Dès lors, comment devient-on courtois ? La connaissance peut elle-même constituer un parcours qualifiant : si l’ignorance de l’amour empêche par exemple Guigemar d’être pleinement courtois, sa découverte le fait accéder à un nouveau statut. La pratique vertueuse de Liénor dans le Guillaume de Dole, ou de Frêne dans le lai qui porte son nom, élève ces personnages au plus haut degré de la courtoisie dont les privait leur état. À l’inverse, la jalousie d’Archambault dans Flamenca ou de l’époux dans le lai du Laüstic les prive de la courtoisie que leur conférait leur naissance. Le savoir courtois, qui engage un « melhurar2 », est donc étroitement lié à la question de l’identité.

Bien des romans peuvent être analysés comme des récits d’initiation courtoise, sans être seulement des récits d’initiation amoureuse : les parcours d’Erec, d’Yvain, de Perceval, surtout, mais aussi d’Eliduc, de Conrad dans le Guillaume de Dole, font de l’amour un instrument plus qu’un but de l’accomplissement courtois. On pourra ainsi envisager une approche assez large de la notion de “savoir courtois” intégrant toutes les formes d’apprentissage, de compétence culturelle, y compris sociales, linguistiques ou chevaleresques, et s’interroger sur plusieurs genres littéraires.

En effet, à côté du roman, les traités, les bestiaires ou les dits écrits à la première personne mobilisent des formes de savoirs multiples : moraux, musicaux, littéraires, intertextuels. Tout comme les bestiaires, les dits puisent ainsi volontiers dans le réservoir savant, mythologique ou allégorique pour construire un « savoir courtois » qui engage autant l’auteur, le narrateur que le lecteur. Les phénomènes d’innutrition par l’intertextualité ou par les références savantes deviennent alors décisives dans la construction de ce savoir. À un autre niveau, la poésie lyrique peut aussi être interrogée en étant elle-même un lieu où se cristallise et s’invente la connaissance courtoise, mais aussi en tant que pratique étroitement liée à la connaissance et au dialogue intertextuel avec d’autres œuvres, poétiques, musicales ou savantes. Le « savoir courtois » touche en effet, aussi, à la question de la compétence d’écriture et de lecture : écrire, lire, composer voire chanter courtoisement. Comment l’art d’écrire ou de composer s’intègre-t-il dans l’idéal courtois ? Comment la courtoisie, en retour, favorise-t-elle les savoirs littéraires et artistiques ?

 

Quelques pistes possibles :

 

- La diversité des « savoirs » courtois

- Courtoisie et éducation

- Figures du savoir dans l’imaginaire courtois

- Les modèles littéraires courtois des personnages

- Courtoisie et genres didactiques

- Courtoisie et sources savantes

- Courtoisie et intertextualité

- Le rapport entre la courtoisie et l’art d’écrire (arts poétiques, formes lyriques, discours métapoétiques). 

- courtoisie littéraire et sociologie

 

Nous vous invitons à envoyer vos propositions de 200 mots maximum, pour des communications de 20 minutes en anglais ou en français, avant le 30 octobre 2025 à l’adresse suivante : silc_montpellier_2026@univ-montp3.fr
Nous acceptons aussi les propositions de sessions thématiques à trois ou quatre participants.

 

Organisateurs :

Valérie Fasseur valeriefasseur@orange.fr

Catherine Nicolas catherine.nicolas@univ-montp3.fr 

Mathias Sieffert mathias.sieffert@univ-montp3.fr 

 

 










 

18th Congress of the International Courtly Literature Society
Université Paul-Valéry Montpellier III
Dates: July 20–24, 2026

Following a reflexion on “Redefining Courtliness” in 2023, the 18th Congress of the International Courtly Literature Society (to be held in Montpellier from July 20 to 24, 2026) offers to question the notion of “Courtly Knowledge.”

Although the concept of amour courtois, coined by Gaston Paris in 1883 but absent from medieval texts that instead speak of fin’amor, remains controversial, the adjective courtois and its derivatives (courtoisie, courtoisement) frequently appear in medieval literature and convey a sense of mastery, skill, or knowledge. But what sort of knowledge is implied by the concept of courtoisie? What must one know or master to be considered courtois? What is the relationship between courtliness and knowledge?

Courtoisie clearly signals a form of social belonging, which may depend on a certain knowledge of codes, values and virtues. It is defined by a set of criteria, whether in Bertrand de Born’s Sirventès des vieux et des jeunes or in the garden of Deduit in Guillaume de Lorris’ Roman de la Rose. Allegorical figures of courtesy or discourtesy show how characters may move between categories through the acquisition—or lack—of courtly virtues. Courtoisie is tied to birth, but also to education. How does one become courtois? Knowledge itself may mark the stages of this process: Guigemar’s initial ignorance of love prevents him from being truly courtois, but his discovery of it leads to a new status. The virtuous conduct of Liénor in Guillaume de Dole, or of Frêne in the lai of the same name, elevates these characters to the highest levels of courtoisie, despite their initial status. Conversely, Archambault’s jealousy in Flamenca, or that of the husband in Laüstic, strips them of the courtoisie conferred by their noble origin. Courtly knowledge, which implies a process of “melhurar” is therefore closely linked to questions of identity.

Courtoisie is not limited to love. As its etymology suggests, it more broadly concerns the behavior of courtiers, whose conformity to social codes varies in courtly literature: Keu’s wet-nursing prevents him from being courtois, while Gauvain’s perfection makes him paradoxically ambiguous, and arguably less courtois than Lancelot. Many romances can be read as courtly initiations that are not solely concerned with love: the progression of Erec, Yvain, Perceval—above all—but also of Eliduc or Conrad in Guillaume de Dole, show love functioning more as a means than an end of courtly fulfillment. The notion of courtly knowledge can thus be approached broadly, encompassing all forms of learning and cultural competence, including social, linguistic, or chivalric skills, and applying across multiple literary genres.

Beyond romance, treatises, bestiaries, and dits written in the first person draw on a wide range of forms of knowledge—moral, musical, literary, intertextual. Like bestiaries, the late medieval dits often make use of scholarly, mythological, or allegorical references to construct a “courtly knowledge” that involves the author, the narrator, and the reader alike. Intertextual and scholarly references thus become central to the construction of such knowledge. On another level, lyric poetry may be examined both as a site where courtly knowledge is crystallized and invented, and as a practice closely tied to intertextual dialogue with other poetic, musical, or scholarly works. Courtly knowledge involves, in this respect, the question of literary competence: one may write, read, make music or even sing courtoisement. What is the link between these skills and the ideal of courtliness? Does courtliness imply, in return, the defense of aesthetic and literary knowledge?

Possible topics include:

  • The plurality of courtly knowledge

  • Courtliness and education

  • The embodiment of knowledge

  • Literary models of courtoisie

  • Courtoisie and didactic genres

  • Intertextuality

  • Sources of scholarly, literary or scientific knowledge used in constructing courtoisie

  • The relationship between courtoisie and the art of writing (poetic forms, lyric modes, metapoetic discourse)


Proposals of no more than 200 words, for 20-minute papers in English or French, should be sent by
October 30th, 2025, to: silc_montpellier_2026@univ-montp3.fr We also accept proposals for thematic panels of three or four speakers.

Organizers :
Valérie Fasseur – valeriefasseur@orange.fr
Catherine Nicolas – catherine.nicolas@univ-montp3.fr
Mathias Sieffert – mathias.sieffert@univ-montp3.fr







 

1 Pour un bilan récent, voir la publication de Valeria Russo, Archéologie du discours amoureux. Proytotypes et régimes de l’amour littéraire dans les traditions galloromanes médiévales, Genève, Droz, 2024 ; voir Alain Corbellari, « Retour sur l’amour courtois », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, n°17, 2009, p. 375-385 et Prisme de l’amour courtois, Dijon, 2018. 

2 Gérard Gouiran, « À propos du melhurar dans le Roman de Flamenca », dans Cultures courtoises en mouvement, dir. Isabelle Arseneau et Francis Gingras, Montréal, Presses universitaires de Montréal, 2018, p. 132-148.