La spiritualité bernardine et la fin’amor se rejoignent en de nombreux points, particulièrement dans l’exercice des vertus et le rejet des vices. La pratique de l’humilité et le renoncement à l’orgueil, ainsi que la question de l’accord des volontés, sont constants dans les deux expressions d’un amour qui doit conduire au perfectionnement des protagonistes humains, ainsi qu’à une joie ineffable. Néanmoins, le cheminement spirituel de Bernard de Clairvaux est parsemé de revirements et de doutes, tandis que les troubadours se révoltent contre Amour, entité universelle, au pouvoir quasi absolu. Dans les deux cas, il ne s’agit pas de l’expression d’un amour fou, balayant les contraintes sociales. Les excès en sont limités par la raison, constitutive de l’âme humaine chez Bernard, et la mezura des poètes. Ce qui n’exclut pas l’expression du désir, désir de Dieu ou désir de la dame. Les troubadours ont aussi chanté la seule satisfaction des sens.